mercredi 29 novembre 2023

Palestine fait partie de moi en ce moment. Ce mot a fait irruption dans mon quotidien. C'est sous forme d'un mot qu'elle vient. On ne parle pas d'elle, on parle avec elle. Notre parole est affectée d'elle, elle se tait en elle. On la reformule car elle n'est en fait que formulation. Elle est dans la langue. Je ne sais pas si on dit Palestine ou la Palestine. La Palestine est plus lointain et Palestine plus familier. On dit Palestine quand on veut la sentir un peu plus proche de soi. Et on dit la Palestine quand on veut la sentir un peu plus loin. Palestine ça fait comme une petite soeur ou une grande soeur. Palestine fait plus comme une petite soeur alors que La Palestine fait plus comme une dame. On dirait quelqu'un en tout cas. Une dame. Une mamie. C'est comme une vieille connaissance qui était dans un coin de nous et qui surgit. Cela nous rappelle qu'elle faisait partie de notre vie. comme s'il y avait des choses qui se déroulaient en parallèle de nous et qui étaient nous, comme voir sa famille parfois. Cela rappelle que nous sommes comme un film. C'est une idée d'existence qui pousserait, qui serait comme un film, avec son bruit, ses choses qui se passent dans le décor, toutes les infos qui vont ensemble en plus de soi-même. Soi-même qui est toutes ces infos qui continuent en même temps que soi. Cette vie semble un peu comme un film de cinéma et cette personne un personnage de ce film. On voit ça d'un peu loin, mais on voit soi loin aussi, avec. Du coup ce n'est pas que c'est loin mais que ça se tait en même temps de parler. On se coule dans ce canal qui avait pourtant coulé parallélement à nous tout ce temps. Il fait irruption mais parce que nous n'étions pas vraiment nous-même mais l'irruption de nous-même en nous. Nous étions un film avec son tas d'informations et ses personnages. Ce sont ces surgissements qui sont nous et non vraiment un soi-même qui s'intéresserait à l'extérieur. soi-même est déjà un surgissement et des surgissements de choses autour à l'intérieur. on pense prendre le poul de soi en allant voir l'extérieur, mais ce n'est pas prendre le pouls mais surgir en soi, comme un être fait de surgissements, de déplacements, de déplacements de mots. Et on se dit que c'est surprenant qu'elle soit si proche d'un coup. Car cela nous rappelle qu'elle était déjà proche. Car nous ne savions pas ce qu'était nous-même et ce qu'elle était elle, ou d'autres choses. car on ne savait pas les limites de soi et de l'autre. On sent que c'était déjà là même si quand on la voit on se coule dans ce qui était déjà là. Mais ce qui était surtout déjà là c'est ce brouillage entre soi et cette chose. C'est pouruqoi on parcourt des distances très grande en peu de temps et que c'est surprenant vers l'autre. Car cette distance n'existait pas vraiment. Mais ni soi ni Palestine n'était vraiment quelque chose, ce qui existait surtout c'était l'espace entre les deux, et nous sommes cet espace entre les choses. Avec le sens, le désir de les voir et s'intéresser à elle, alors que c'est aussi l'écart avec elle, et le trou, qu'on désire, et qui agit. le trou dans la parole. ainsi on ne peut dire si on s'intéresse à elle ou à nous-même vraiment. Ce n'est pas de la charité pure, mais ce n'est pas non plus purement pour soi-même. Palestine ou La Palestine. L'un fait comme si elle était familière, l'autre comme si elle était distante. Un peu grave et imposante. L'un pour dire que Palestine c'est moi, l'autre pour dire que parce que ce n'est pas moi je dois faire attention à elle. Comme un geste de pudeur qui marque une plus forte camaraderie. Comme parler de blancs et de noirs à un ami noir proche, pour dire le mur qui nous sépare un peu mais par cette conscience on se rapproche un peu plus. Elle est un peu les deux. Je sais que je me sauve aussi quand je lutte pour la Palestine. Mais elle n'est pas un "moi" non plus. Elle vient brouiller ce qu'est moi ou ce qui ne l'est pas. Libérez Pâle Estime. Libérez ma honte. Un papillon de nuit s’agite à ma droite. Je les trouve beau les papillons de nuit. Trés sobres. Ils ont la forme noble mais la couleur attirante. L’humilité victorieuse les papillons de nuit. Je mets ça dans le poème. Il faut faire semblant qu’il y a des choses qui ont du sens. C’est ainsi que le sens se fait. Ainsi pour Pale Estime. Pas d’estime pour ce monde. Pour moi. je reformule à chaque fois ce qu’elle est. Je découvre et j'invente un peu ce qu’elle est en même temps. Je n’ai pas de sentiments avant mon action de me battre pour elle. Je me bats pour elle comme on exprime un sentiment. Je ne sais pas si j'agis parce que je suis indigné ou si j'agis pour être indigné. Ou si c'est la même chose, le sentiment et l'action, et que c'est toujours nouveau. Mon combat est pour une raison et à la fois n’est pas pour une raison. C'est pour rien. Car je suis un combat déjà en moi. Je suis une résistance. Quelque chose résiste en moi et même à moi. Résiste à la pensée. Est seulement une poussée d'impossible. Et c'est cela qu'il faut un peu demander. Il faut se battre un peu pour Dieu. Je me bats pour les tanzaniens disparus. Mais je ne me bats pas. J’écris pour eux. Mais je n’écris pas. Je suis un combat. Je peux dire que je me bats pour qu’on libère ma honte. ma dignité. Mon néant. Ma mort. Ma vie. Dieu. Mes frêres et soeurs. Je peux dire tout ça. Parce qu'en agissant je reformule ce pourquoi je le fais. j'invente un peu en même temps de découvrir. ma cognaissance est une action.

un père porte un enfant mort, il est blanc. c’est comme dans les films. la mort ne peut être vue que dans un film. elle est surréaliste mais ce n’est pas forcément qu’on ne la comprend pas. elle est omniprésente et mélangée à la vie. la mort est cinématographique, comme le reste. tout est une sorte de mouvement, dans un mouvement, dans une action, dans un sentiment qui ne fait pas qu’enregistrer la mort, mais qui est pris dans une action qui est une compréhension, une connaissance, une action qui est déjà une lutte de la vie, pour la vie, même quand elle prend en compte la mort, qu’elle voit la mort, la vie est mêlée à la mort, même quand on voit la mort il y a ce côté surréel car la vie est elle-même surréelle, déjà emprunte de la mort et la mort est directement investie dans une poussée, une puissance, une puissance de lutte. (Mais) notre sentiment est lui-même imprégné de la mort. c’est une sorte de devoir qui pousse. la mort se transforme en devoir qui pousse en nous. en sentiment moral. les martyrs, et non les morts, comme si la mort était déjà directement à être comprise comme une raison de lutter. comme projettée dans la lutte, comme nous servant comme morts qui vivent encore dans la lutte. ils ne disent plus « tués », ils disent « martyred ». martyrisés. martyrisé évoque la torture mais martyred évoque simplement qu’ils sont des résistants. l’un insiste sur la souffrance, l’autre sur le sens de leur mort. les deux donnent des aspects de cette mort, cette mort qui n’est que ces aspects au fond. qui est les manières de la prononcer. Car d’être déjà dans la construction d’autre chose en même temps de la connaître. la connaissance prise dans l’action, dans le sens, dans l’action de faire du sens.

J’ai mon keffieh rouge et vert et noir enroulé autour de ma tête. Je suis dans mon lit. Goût de café dans la bouche. Le vent souffle fort. L’immeuble grince. Les sdfs dorment la nuit en ce moment. C’est terrible, certains vont mourrir. Mon keffieh rouge vert et noir, enroulé autour de moi, symbole de la Palestine pour moi. Je le porte pour me mettre dans ce combat, parce que je sais que ce combat peut être résumé à du tissu. Un tissu comme une épaisseur entre les choses. entre la Palestine et moi, entre moi et moi pour faire le lien et séparer en même temps. pour brouiller les lignes entre ce qu’est moi et autre chose. pour ne pas savoir ce qu’est moi, me séparer de moi, et donc me relier au reste aussi, puisque je ne sais pas la différence. pour semer la confusion. pour lier en même temps que ça sépare. Un tissu qui panse et qui à la fois troue. Parce qu’il troue il panse, parce que nous sommes un trou. comme cette impossibilité de savoir Gaza, Palestine, mais cette impossibilité qui est la seule chose possible et enviable. Une épaisseur entre soi comme un devoir, une poussée de vie, un espoir, une gaze, un tissu, qui panse autant qu’on veut les panser. qui nous pense autant qu’on veut les penser. qui nous pense autant qu’on la pense Palestine. cad Je n’’existe pas qu’avec un pied dans l’autre, que j’invente un peu et qui m’invente. Parce qu’il est comme une parole sans mots dedans, une parole seule qui existe, et non le reste, parce que tout ça est le Sens. On existe dans cet entre-deux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire