j’ai l’idée d’un texte qui est carré. les lignes viennent de tous les côtés. elles ne sont pas horizontales. elles s’entrecroisent. un texte qui se rabat sur lui-même. En dehors de lui il n'y a pas de sens. Il a son propre langage qui pousse. Sa propre logique. C'est pour ça qu'il est carré. Mais ce n'est pas un langage. c'est incompréhensible. ça n'a pas de sens. c'est du sens qui pousse. parce que le sens n’a pas de sens. le sens est une poussée. je ne sais pas quelles infos vont venir en premier. c’est astronomique ce qu’il faut faire. il faut avec des lignes horizontales faire ces choses verticales et horizontales. ces choses qui se superposent par strates. un texte comme une ville avec de la profondeur, un texte comme une image. une image de ville. avec différentes strates et non pas horizontale. avec même des trucs vieux et des trucs récents. Des églises, des cathédrales, et puis des grands immeubles, et puis des maisons un peu vieilles mais pas trop. Tout ça qui s’entremêle et arrive directement sous forme de noeuds dans la vision. Avec des trucs vieux et des trucs plus récents, avec des trucs mouvants comme la mer et les arbres, et les gens. Avec des trucs naissants et des trucs immobiles depuis longtemps. Tout ça comme si le temps passé n’était pas vraiment du passé. était sur le même plan que les immeubles plus récents. était sur le même plan que le présent. Tout ça comme si le passé était visible à l’oeil. était visible dans le présent en voyant en une image la ville. Et qu’ainsi il n’était pas si passé que ça. Comme si le temps était un espace. Qu’il était plus un espace qu’une ligne qui a parcouru le temps. Ou alors ça a parcouru le temps jusqu’à nous mais ça nous vient à la fois en un clin d’oeil. En un clin d’oeil en une image. Comme une découpe avec toutes les strates de temps. De plusieurs temps. Et de l’ancienneté et du récent. Comme voir ces graffs prés du vitrail, la nuit. Deux époques en un seul espace. Rapprochées par l’espace. On ne sait pas trop à quel point c’est si vieux ces vitraux. Le passé semble présent autant que ces graffitis. Ces gribouillis. Ces traces. Semblent maintenant sur le même plan. Comme si on ne pouvait pas compter combien de temps ça faisait. Mais que tous les temps étaient là un peu en même temps. Comme si ce n’était pas une ligne horizontale. Tout comme les phrases ne seraient pas horizontales. Mais les phrases seraient en fait comme le temps. Les phrases seraient en verticale et en profondeur. Alors qu’il n’y a que cette ligne horizontale pour faire cela. Comment faire cela. Avec des débuts et des fins tout de même. Entortiller les phrases et entremêler le temps aussi. Que les phrases viennent comme une image. Quelle info choisir. En premier. Et pour finir. Car comment se taire aussi. Alors qu’il faut aussi parler. Stagner dans une phrase. Sans début. Sans fin. Et qui débute tout le temps. Et qui finit. Une phrase qui ne dure pas un certain temps. Ou alors le temps qui envoie bouler le temps. Car il s’agirait de se taire. Mais il s’agirait de parler. Et on sait pas combien de temps ça dure. Combien de temps on dure comme dans une phrase. Alors qu’elle nous remâche elle aussi. On la remâche et elle nous remâche. Mais on a qu’un seul coup. Un seul coup de machouilli. Alors que ça semble se répêter. alors que le temps ne passe pas. Il stagne. Il s’en va. Sans début ni fin. ou avec pleins de débuts et pleins de fins entortillées. aussi pourquoi se faire chier. à faire tout rentrer. toutes ces lignes. toutes ces choses à dire. alors qu’il y a à la fois à se taire. on ne sait pas ce qu’on veut. on voudrait parler et on voudrait se taire. on a tout à dire mais à la fois il faudrait dire rien. Il faudrait aller encore plus dans le rien. ça semble très dûr et à la fois c’est très simple. Le vide qui pousse c’est Dieu. Mais Dieu n’est qu’un vide qui pousse. Mais le vide qui pousse c’est Dieu. Par où commencer le livre. Il nous prend de tous les côtés. Mais il nous laisse. On est laissé par la phrase. Mais on est toujours dedans. On ne sait pas s’il faut rentrer dedans ou en sortir. Etre dans ce qu’on dit ou partir. Entre temps être dans la phrase. puis la voir partir. Puis partir soi-même. La vue avec. Comme le désir même de voir quelque chose. On devrait parler pour rien. Il y a deux sens à ce rien. Il y a pour rien et pour Rien. Comme si c’était une offrande à Rien. à Dieu. Et il y a le sens de pour rien du tout surtout. et parler pour rien c’est pas rien. déjà avec trois fois rien on peut acheter quelque chose comme disait l’autre. il faudrait aller plus dans le rien. on confond souvent le + et le plus. il faut toujours préciser. alors que c’est ptetre un peu la même chose. ça m’a toujours turlupiné de devoir écrire l’un et l’autre pareil. comme si on savait pas se décider pour ce qu’on voulait. ça m’a toujours foutu la honte. mais je dois exagérer. c’est que ça fait réference à une honte. avec le langage. mais c’est encore rêver que de dire ça. C’est tout ce que je fais de rêver a dit Duke Ellington. Il égrenne quelques mélodies au piano. Il tapisse quelques accords. Il égrenne et tapisse quelques pseudo-mélodies en disant « je ne fais que rêver ». Je suis dans un rêve. Il peint quelques couleurs quelques histoires et elles s’en vont. Même si je dis j’ai honte. Et j’ai honte de ça. ça me semble encore du domaine du rêve. Comme si je tatonnais avec un bâton. Mais que le bâton et le rocher apparaissait grâce au fait que je tatônne. En même temps. Que j’m’inventais des sentiments un peu. Par exemple sur ce plusse ou plus. Qu’on ne sait pas bien écrire. Et il faut toujours préciser ce qu’on veut dire. Sinon on compendrait l’inverse total de ce qu’on veut dire. C’est qu’on a jamais su je pense. Si on voulait l’un ou l’autre. Mais c’est une hypothése. Il y a peut-être d’autres possibilités. C’est l’impossible qui nous intéresse. Comment choisir de quoi parler. Rendre tout ce que je veux dire. Alors qu’il n’y a rien à faire. Un ami sur fb partage Manuel Valls en caca d’Oie. Il a un costume caca d’oie. Il regarde la définition du caca d’oie sur wikipedia. J’imagine les gens qui ont conceptualisé cette couleur. Le fait qu’il devait voir des caca d’oie et qu’ils ont donné ainsi le nom de la couleur. Manuel Valls est dans son costume caca d’oie moche. Il ressemble à un fantassin un peu fantasque. Un mec d’Alice au pays des Merveilles, un méchant de conte. Le fait qu’il porte cette couleur et qu’on parle de la couleur de sa veste, qu’on pense aux oies, et à l’histoire de cette couleur. Cela contraste avec lui. Avec le sérieux qu’il veut imposer. On le voit aussi comme humain. à choisir sa veste. L’irruption de cette couleur dans la télé. Cette couleur est belle mais lui ne l’est pas. Il est comme un caca coincé entre des fesses. On pourrait peindre Valls. Un mélange de beauté et d’horreur. C’est comme cet ami qui a vu des grues partir si tard dans l’année. C’est magnifique et à la fois c’est triste. Les grues coassent comme si elles discutaient. La beauté et pourtant cela annonce quelque chose de terrible. La proximité entre la tristesse et la beauté. On y pense. De même que parler d’oie ou de caca d’oie est assez beau par rapport à Manuel valls. Et pourtant il a un costume caca d’oie, il n’est donc pas si loin de cette beauté. Il ressemble à un méchant de conte merveilleux. Le ridicule de sa personne. Qui a de mauvais choix vestimentaires. Le côté encore sympathique d’un tel personnage, car comme un personnage de film. l’horreur et la beauté si on le peignait. on peindrait sa couleur caca d'oie. Même l’horreur est médiatisée et il est bon de la voir ainsi. Avec son côté fait pour la digestion. avec déjà quelque chose qui n'en parle pas mais qui est une action. Non un compte d’apothicaire de l’horreur. Car non un comptage vraiment. Mais quelque chose avec une jouissance malgré tout. Avec une part de jouissance malgré tout. Une part de joie même pour dire l'horreur. Et on en a presque honte. Mais une beauté malgré tout au sein de l'expression. le mot horreur nous passe en bouche, et il pourrait être seulement ce ciel bleu. Pourquoi pas. Cela remplace ce qu'on voudrait dire de l'horreur, car c'est aussi l'impensable qui se ramène avec l'horreur, avec la beauté. et L'impensable n'est pas qu'à penser, mais est la seule pensée qu'il y a. est la pensée qui remplace le reste. Et le reste aussi est impensable. On ne décrit pas mais on écrit, c'est-à-dire qu'on disparait dans nos propos. L'horreur de valse disparaît dans sa veste caca d'oie. L'un et l'autre semble cette couleur fantasque. Surréelle. Valls qui ressemble à une valse. C'est comme la beauté des grues en Novembre. La beauté des grues qui traversent le ciel. Elles évoquent un calme mais elles sont peut-être angoissées du réchauffement. Une beauté qui évoque à la fois quelque chose de grave. Une image de "l'horreur". et on sent qu'il y a un endroit où l'indicible est justement la seule chose possible. Et que c'est exactement ce qui se dit. Le reste n'étant pas forcément à dire. Puisqu'il y a aussi à se taire. Dans la pensée. On commémore en même temps qu'on se révolte. Qu'on se découvre un lien, qu'on se l'invente.
Toujours cette câne qui crée des pierres. les palestiniens disent j’ai perdu 40 personnes de ma famille. Ils disent tous qu’ils ont perdu des dizaines de membres de leur famille. On ne savait pas qu'ils avaient ces familles ultra-nombreuses. On apprend qu’ils ont 40 membres dans leur famille en même temps qu’on apprend leur mort. On apprend les deux nouvelles en même temps de leur vie et de leur mort. On ne savait pas que c’était ça qu’on pouvait perdre. en 3 jours.
il faut bien mettre des mots sur cette perte. Mais on ne met pas vraiment des mots Sur cette perte, mais on parle avec la perte, on parle comme on perdrait aussi, on parle à perte, pour faire une plainte, pour prier, pour dessiner ce qu’on perd et ce qu’on espère comme en même temps, et d'être un espoir marchant, c'est-à-dire presque comme se taisant, sans but préalable à sa parole, qui a poussée, comme du sens. il y a ainsi comme toujours une part de nous qui dans la connaissance de ce qui est perdu jouit, qui est de la connai-jouissance. car il trouve et invente un rocher en même temps que son bâton touche.
Même mer, même humanité. Gaza Marseille résistance. C’est vrai qu’on voit la même mer que les gazaouis nous à Marseille. On se retrouve proche d’eux d’un coup à dire ça. On était déjà proches mais là ça nous apparaît. ça surgit. On invente un peu cette proximité. On dit « au nom de l’humanité ». On invente cette humanité en même temps qu’on se bat pour la sauver. Les gazaouis et les indiens, qui ont un peu la même danse. Une danse où on foule la terre, une danse de la terre. On se dit qu’on se bat pour eux. et l’humanité. le sens de Humanité semble justement pas ce qu’on a mais ce qu’on a perdu quand on a perdu les Indiens d’Amérique. C’est-à-dire c’est quelque chose d’impensable et à inventer en partie, encore. Les gazaouis semblent proches de nous par la mer. La mer qui fait la force de Marseille. On s’invente une identité marseillaise en même temps qu’on invente ce rapprochement. On ne l’invente pas de toute pièce, mais on met un coup de sonde par-là. On découvre une pierre. On invente un peu une pierre. Tout comme il est bon de s’inventer une identité humaniste. Car nous venons d’une tradition de religions et de cultures. Et ce n’est pas pour rien qu’elles ont existé. Et il faut écouter les vieux. inventer un peu qu’ils sont intéressants.
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