un truc plus grand que soi. je pense à cette phrase dans la rue. la phrase arrive dans la rue. c’est Lise qui me disait ça. intrusion ici de son nom. comme si elle m’était bien connue. ici une familiarité étrange. Je pourrais dire cette femme à la place. Parfois un ami est simplement un humain un peu étrange et étranger. on fait comme si les noms étaient évidents dans les textes. mais non les noms coincent. les noms déboulent. les noms coincent dés leur arrivées. leur façon de s'extraire des autres noms. de n'être pas une liste de noms mais un seul ou quelques-uns. comment ils viennent et comment ils me parlent. il faut rentrer dans la conversation pour savoir de qui je parle. il faut rentrer direct dans ce que la personne me dit car sinon on croirait que je sais bien ce qu'elle est. qu'il y a tout un passé et des pages dans le roman avant ce chapitre. qu'il fallait comprendre. alors que c'est au présent qu'elle vient avec ce rapport un peu étrange. ce rapport avec juste des bribes d'elle. comme si elle n'était que ces bribes plutôt que quelqu'un. ou alors quelqu'un comme des bribes plutôt. quelqu'un parce que bribes, même. un nom qui déboule comme ça avec son monde, mais justement parce que déboulant avec son étrangeté. on ne saisit que quelques phrases. Elle me dit j’aime les moments d’ivresse quand même. Pour être un minimum hors de moi. Un moment pour son corps. Car nous sommes un corps avec plusieurs appétits, plusieurs volitions. plusieurs moments où faire ceci puis cela. et elle me parled’un moment pour cette machine. Être l’instrumente d’un truc plus grand. Elle dit beauté grâce tous ces mots-là. Elle parle tout le temps de ça. Je veux filmer ça dit-elle je voudrais le filmer. Il faudrait aussi filmer l’oeil qui dit ça. Et l’oeil qui se perce de le voir. ça peut durer une seconde elle dit, ça peut durer une seconde dans la rue, c’est des moments rares. Elle insiste beaucoup sur la rareté à chaque fois. Pour bien marquer qu’il y a la beauté et il y a quand elle n’est pas là. qu’il n’y a pas d’entre-deux. qu’il y a un moment bien délimité. Elle insiste sur le fait que ça passe préferablement dans un moment court. Elle voit ça comme un évenement. Non comme une disposition de l’esprit. Non comme un travail sur le temps long. Non comme la vie en génerale. Non comme le sens en géneral. non comme l’oeil qui voit. Le sens en géneral, qui part en couille. Je lui dis mais sexe = aussi amour, politique, = aussi pleins de trucs. Je veux dire aussi que c’est tout ça mais que c’est surtout rien. = aussi absence de temps, absence d’attente, attente d’évenements, fin des évenements, et de la pensée, de la pensée qu’il devrait se passer quelque chose. Tout comme ce poète qui me parle du poème comme d’une femme. alors qu’il faudrait pas trop vouloir trippoter le poème. car le poème est tout autour du poème. C’est tout ce qui va autour de ce qu’on va dire ou faire. Et on est pas obligé de dire ou faire. ou même vivre un truc. Mais on fait un trou, obligé. un trou dans la pensée. Quel est le sentiment à rechercher si les sentiments mentent? qu’il faudrait plutôt réveler la fausseté. Elle a raison qu’il y a des moments avec et des moments sans. De parler de beauté tout ça. C’est des moments qui montrent que la réalité n’était pas la réalité. C’est des moments de vérité. Mais s’ils le sont c’est aussi parce qu’ils révelent l’absence de temps, de pensée. C’est que ce sont à peine des moments, ou des moments pour sortir des autres moments pour ne faire qu’y retourner. Pour les réveler. Mais s’il n’y a pas de sens dit-il ça ne sert à rien. C’est comme pêter. Mais bien sûr, mais d’accord, mais est-ce que pêter par contre n’a pas de sens ? Est-ce que le sens n’est justement pas pêter de la bouche. N’est justement pas que ça, et tout le reste blabla. Il faudrait se perdre dans sa parole tout en parlant. Tout en parlant du sens par exemple. Si nous parlons du sens sans nous perdre, sans nous couper la parole en même temps de parler, alors à quoi ça sert. à part faire encore des plans pour demain. Et des plans compliqués, téléguidés, nous figeant dans des prières béates, ou un programme des sentiments à ressentir. Comme si nous savions bien ce que veut dire Amour, et comme si savoir ce qu’on dit était le plus important. Nous n’engageons pas notre parole et notre personne à la perte. Ne tripottez pas trop les poèmes. Laissez-les aller en les attendant. Laisser filer son désir tout en le dessinant. Evidemment il y a des moments de vérité. Et on s’empresse des les encadrer. Alors qu’il faudrait les rendre à la vie. Les honorer en essayant de tirer tout le jus qu’ils ont. En les rendant à quelque chose de non-séparé des autres moments. Et qu’ils soient juste des explosifs dans le présent, pour parler d’autre chose ou faire autre chose, pour se projetter. Mais on s’empresse de les estampiller beaux. ou miraculeux. Comme émanant d’une force avec sa propre intelligence. C’est-à-dire qui ne sont pas à discuter. Qui ne sont pas à reprendre et à s’engager dans la discussion avec ces moments. Alors que leur intelligence est comme une machine qui se greffe sur nos machines à nous. c’est tout un ensemble qui pousse, qui est une poussée de réflexion, et qui sort de la limite d’un seul moment. car un mot ça ment. et il n’y en a jamais qu’un mais toute la tripottée avec. toute la famille. et puis rien. une fugue hors de la famille aussi. la famille et la fugue deux en un. comme les shampooing deux en un. On a jamais connu les shampooing pas deux en un, ils étaient directement deux en un. On a jamais connu ce qu’aurait pu être un un tout seul, on n’a pas su compter que déjà il y avait deux personnes. qui donc étaient pas si deux mais direct notre image d’une seule personne. on sentait bien l’arnaque. tout comme ces trucs allégés en sucre, comme si on avait connu la recette avant qu’ils l’allégent. alors que le produit arrive directement avec son allégement. il est de l’allégement directement. ça c’est plus pour le côté en moins de nous. et les shampooing pour le côté en plus. on nous file du en moins et du en plus, alors qu’on savait pas ce qu’on était à la base. on ne connaissait pas la recette de base de nous. la recette traditionnelle. les produits dans les supermarchés ont des labels traditionnels datant de 1664, 1980, 2004. Des labels existe depuis 2014 ou existe depuis 1965. pour eux c’est gages de qualité peu importe l’époque, car on ne sait pas ce qui fait vraiment une tradition, combien de temps il faut pour avoir un passé, quel est vraiment ce passé. ce sont des dates repéres un peu flottantes. qu’on a mis là comme ça pour mettre un repère. tout comme les nouvelles recettes on ne sait pas trop ce qu’elle viennent apporter de nouveau, car on ne connaissait pas trop ce qu’il y avait avant. tout comme nous nous ne savons pas quand est-ce que nous nous sommes séparés de nous, puis que nous y revenons. l’horaire de départ et l’horaire d’arrivée. l’horreur du départ et l’horreur de l’arrivée nous n’en savons trop rien. un truc plus grand j’y pense alors qu’il refait beau à Marseille. le printemps est là et il y a comme une ouverture. c’est comme au cinéma et on y croit à moitié que ça va s’ouvrir, mais on retient l’idée. on retient une idée d’ouverture avec le printemps, et que cette pensée, cette idée peut exister tout-à-coup. on retient qu’il y a quelque chose qui peut changer rapidement et de façon surprenante, et ça déjà c’est beaucoup. c’est un gros printemps un peu cinématographique avec son grand renfort de ciel bleu et de soleil. c’est un printemps tout tambourinant. avec ses grosses bottes de printemps et qui fait semblant que tout est très ouvert. mais dans son accoutrement on retient au moins qu’on peut se déguiser comme ça. que nous sommes donc toujours dans des déguisements et celui-ci qui plus est est plaisant. même si on ne ressent pas l’ouverture tout-à-fait au moins on se dit que c’est déjà pas mal de suggérer. de faire une suggestion d’ouverture. le printemps vient avec ses gros sabots et son déguisement un peu grotesque d’ouverture mais au moins il nous fait penser à une idée dans le genre. une idée pas à creuser qu’il y a un truc qui s’ouvre. on ne sait pas bien quoi et on ne sait pas si nous on voudrait pas plutôt tout refermer. mais enfin une ouverture, l’idée vague, et le fait que les choses changent, qu’il y a des saisons. quelque chose de plus grand, qui nous anime, je pense, dans le printemps éclatant. un truc un peu au-dessus de la tête. pas un truc énormément grand comme un ciel mais un peu plus grand, comme surelevé par rapport à notre taille. comme un grand gars. ou un immeuble à deux étages de Bordeaux. ou un grand aéroport à la limite, pas forcément plus grand. un truc au-delà de la pensée. un truc qui a ses propres désirs. car notre désir s’invente. je vais à une projection de Tsedek! . c’est des juifs décoloniaux. qu’est-ce qu’être juif. qu’est-ce qu’être arabe. qu’est-ce que je suis ? quels sont mes désirs ? C’est Françoise Vergés qui disait ça. et rendre un communisme désirable. ça c’est Lordon. ce que j’entends là c’est que nos désirs sont encore en construction. on ne fait pas que répondre au désir mais on l’invente, on le développe, on l’attise. Simone Weil fait un petit livre : les besoins de l’âme. 4 euros le livre. les besoins de l’âme pour 4 euros! et pas beaucoup de pages. Elle a aussi écrit la pesanteur et la grâce. ça me parle comme mots. comme besoin elle dit l’honneur la vérité le châtiment. C’est étrange comme besoin. L’honneur ça me parle. Cet espèce de truc plus haut que d’autres valeurs. Il faut chercher ce qu’on veut. ça me semble étrange et intriguant qu’on veuille chercher les besoins de l’âme. alors que ce n’est pas forcément évident. qu’est-ce que je suis et qu’est-ce que mon identité me demande? une loi, des valeurs, des principes, qui sous-tendent ce que je vais penser, comment je vais agir. le truc en filigrane comme on dit. en dessous mais pas forcément profond non plus. une loi comme si répondre à un désir identifié n’était pas forcément la solution. mais se trouver des problèmes pouvait en être une pour nous. redéfinir ses désirs. on est coupé dans notre désir, c’est une rencontre entre plusieurs désirs, une discussion, et une contradiction qui arrive, arrive directement contradiction. en l’exprimant, son désir, on, justement « l’exprime », en parle, le dessine. en l’accomplissant, c’est-à-dire en le poussant, en se poussant dedans, on formule son voeu aussi. il y a donc tout un tas de culture et d’identités qui pourront nous aider. ce coach de club de foot, il y a de l’esthétique quand il parle, car il représente tout le foot. il dit je respecte les religions. c’est le coach de l’étoile rouge. vive le foot et l’étoile rouge. il n’est pas qu’une parole mais quelqu’un qui a de l’autorité. une magie qui précède à sa parole. une personne à qui on veut bien obéir, sans forcément regarder à la vérité exacte de ses propos. il dessine des valeurs, comme « l’humanité », qu’on ré-invoque souvent. elle n’existe que dans sa ré-invocation et non vraiment avant qu’on en parle et qu’on donne un nouvel éclairage dessus. et combien de fois s’est-elle fait assassiner et on veut encore la préserver pourtant. on se dit que c’est la der des der à chaque fois. qu’elle va définitivement y passer et c’est vrai. et il y a quelque chose de sacré à vouloir la préserver vivante. les manifestations Palestine ont quelque chose de sacré. Par delà les religions par-delà les frontières ô Palestine nous sommes tous frêres. un idéal beau de fraternité. gaza va vous hanter toute votre vie. on dit que c’est comme la shoah, que c’est aussi sacré que la shoah. comme nous ne savons pas parler, nous disons que c’est sacré. on parle de l’enfer qui va arriver. on parle de la beauté incidible de la Palestine à l’opposé. l’enfer existe. mais il n’y a même plus de menace qu’il arrive, étant donné qu’il est déjà là. cependant on met quand même en garde que ça va nous hanter jusqu’à la fin de nos jours. on dit : « c’est la shoah ». cet épouvantable et justement indicible, et bien c’est justement ça qui se passe. on dit qu’il y a des choses supérieures qu’on ne comprend pas bien mais qui elles savent. puisqu’on ne peut pas désigner ce massacre.
un mec vend des fleurs dans ma rue. il est apparu récemment. il a une gueule très maussade. il est posté là avec ses fleurs. il tire la gueule. il semble sorti d’un film. il est apparu magiquement. il a l’air de souffrir. il ne demande même pas aux gens s’ils veulent des fleurs. il doit lui aussi se sentir comme un mauvais personnage d’un mauvais film, dans un cirque. une image de lui comme ça. la beauté du vendeur de fleurs, et sa tristesse. à chaque fois que je sors je le vois, vision surréaliste. quand j’étais chez moi je ne pouvais me le figurer. quand je suis devant lui je me le figure, mais pas non plus énormément. il me reste seulement l’étonnement de le voir. comme cet autre sans-abri dans une rue, à chaque fois que je passe je le vois, avec sa gueule triste, comme en noir et blanc. ces gens là sont comme dans des films en noir et blanc. t’as tout un monde qui se ramène d’un coup, bourrasque. le temps est assez beau, tu sors dans la rue, paf tu le croises. tu vas à la manif’ palestine. tous ces mondes qui nous croisent, et ça ne veut pas dire qu’on était quelque chose avant qu’ils nous croisent. ils nous révelent plutôt qu’on était rien avant qu’ils nous croisent, avant ces croisements et ce n’est surtout que les croisement qu’on croise, et non ces mondes mêmes, non ces choses-mêmes, mais qu’est-ce que les choses sinon la manirère qu’ils ont de nous croiser. le mec maussade qui tire la gueule avec ses fleurs, campé debout dans la rue.
être l’instrumente de ce truc plus grand. le jouet de cette poussée un peu au-dessus de nos têtes. de cette poussée de ciel aussi, mais pas que de ciel. tu sens les trucs elle dit, tu as les sensibilités, elle dit, comme moi. je pense à la sensibilité. qu’est-ce que je pourrais sentir. je n’arrive même pas à mettre un point d’interrogation. l’intrument dégingandé comme un accordéon, je pense à ça. même si ce truc plus haut n’est pas forcément intelligent. ce truc plus haut nous écrase, et il faut finir l’écrasement. il faut se monter dessus en s’écrasant et nous en conversant avec ce truc plus haut vraiment. une éjaculation de ciel sans les mains sans la bite sans rien. sans ciel. se chercher des noises. c’est-à-dire des bruits. des noix. des noix de bruits. on est emporté dans un monde de cultures, qui précède tout ce qu’on va dire. mais on ne parle pas avec lui, on se tait avec ce monde, avec ces mondes.
en prise avec un truc supérieur. je pense à ces personnages de Duras. affamé d’amour, de sexe, courant partout. se contorsionnant de douleur métaphysique. ou un mot compliqué comme ça, pour dire que c’est un peu mystique. les expériences mystiques où ils veulent l’horreur en même temps que la joie. où ils pensent à de grandes choses comme le bonheur. ça dessine des trucs possibles, aussitôt dessinés qu’abandonnés et même pas vraiment désirés, dessinés comme désir que contourner par le désir aussi. Des expériences-limites qui montrent qu’on est une limite. Qui reviennent dans la vie, qui ne portent pas une vérité un truc à désirer plus, que de montrer qu’on est limite, que parce que cela est possible on est limite. je trouve que t’es limite limite. la limite m’imite. nous sommes deux limites qui s’imitent. nous ne nous parlons qu’à nous imiter. imiter toutes les limites en nous. mimiquent. mimiquer des limites et du coup mi-niquer seulement. petits mickeys qu’on est. petits mickeys dans le nez d’un dessinateur de génie. son génie est sa morve sa mort voulue. des personnages de bds. avec des bulles et des cases et des applats de couleur. tout est surimpressioné. on déboule direct comme une parodie de nous-même. il faut en rajouter une couche. il faut achever toute cette folie dans un coup de folie. mimiquer la limite qu’on est. l’éprouver et l’inventer à la fois. pas parler mais trancher dans le lard. pas trop la grâce mais plus la graisse. ou la grâce comme cette manière de bouger sa graisse. le printemps arrive avec son côté un peu trop. arrive avec lui l’angoisse de devoir le remplir. il fait beau donc il faut sortir. on est censé y faire un truc dans ce printemps et jouir un peu. il ya cette énergie cette jouissance à foison qu’il va falloir dépenser d’une manière. arrive avec la jouissance la peur de ne pas savoir vers où elle va jouir. cette grande angoisse existentielle qui arrive avec le bonheur du printemps. cette angoisse jouissante. cette angoisse mêlée au bonheur. ou alors c’en est l’idée. l’idée de l’angoisse et l’idée du bonheur. du bon heurt.
je pense à quelqu'un qui pousse et jouit et souffre sans limites aucunes. sans limites et sans repos comme si pas même un sentiment une satisfaction un désir repu un bonheur surtout pas un bonheur. quelqu'un qui pousse se voit pousser dans son appart' ou dehors se voit sans bords. je pense à quelqu'un qui pousse quand je vois une souffrance impensable qui fait partie de nous et y penser est comme une prière et une prière est comme une action et l'action est de se jeter dans la vie sans rien n'y faire rien n'y toucher ne pas avoir un mot. tout un monde de moments et de choses différentes. un monde cinématographique ou de série un monde qu'on absorbe et qui nous absorbe.
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